Chronique29/03/2024 à 10:03
De la cause palestinienne et de ses repères
Par Mansour M’henni
Le 30 mars de chaque année, est fêtée la Journée de la Terre et à chaque commémoration, plusieurs questions reviennent et des conclusions en sont tirées.
Aujourd’hui encore, près de 21% de la population de l’Etat d’Israël sont constitués de Palestiniens ayant choisi de rester sur leur terre, après la guerre de 1948, et ont pris la nationalité israélienne. Cela est à lire d’abord comme un signe d’attachement à la terre originelle, au-delà de toutes délimitations géopolitiques. Et c’est cette population desdits « arabes israéliens » qui a organisé, le 30 mars 1976, une grève « contre la confiscation de leurs terres par Israël », une grève soldée par six morts auxquels la commémoration de la Journée de la Terre rend hommage tous les ans comme un doigt brûlant désignant les contradictions et les supercheries de ce qu’on appelle « la démocratie israélienne ». C’est même à se demander si ces contradictions et ces supercheries ne sont pas la recette courante de la plupart des pays ou des sociétés qui ont fait du concept idéaliste de « démocratie » une recette monnayable et convertible à chaque calcul d’un intérêt égocentrique et privé.
Aujourd’hui aussi, sur un fond de guerre d’extermination à Gaza, la question de cette journée et de la population dont elle porte le signe militant mériterait d’être posée pour une clairvoyante prospection du conflit israélo-palestinien. Je dis bien le « conflit israélo-palestinien » et non le « conflit israélo-arabe » comme il plaît à certains de nous en chanter le refrain, toujours dans la même stratégie de falsification des concepts. En effet, la Guerre de Gaza, qui dure déjà depuis le 7 octobre 2023 avec des disproportions terrifiantes entre les moyens et les dégâts, des deux côtés du conflit, donne encore la preuve, si besoin est, que le conflit est foncièrement israélo-palestinien et qu’il doit toujours être posé et conduit en ces termes sans quoi il n’y aurait que des gestes hypocrites cherchant à noyer le poisson, dans le cadre de combines et de coalitions à larges étendues, couvrant parfois sous le même label des parties apparemment d’appartenances et de conduites divergentes, voire conflictuelles entre elles.
Cela nous semble à considérer à plusieurs niveaux :
D’abord sur le plan international, il paraît évident que nulle structure ou nulle autorité d’arbitrage et de justice n’est en mesure de faire valoir un pouvoir décisionnel déterminant et applicable. On en arrive alors à conclure à l’extrême suprématie de parties dominantes fixant et commandant à chacun la façon d’être et de faire face à ce conflit inhumain… trop inhumain.
Et c’est à l’intérieur de cette structure, apparemment informelle et en vérité dictatoriale avec des mots de prétendue démocratie, qu’il nous paraît incongru de continuer de reconduire le conflit israélien sur le terrain vague d’idéologies, insaisissables dans leurs justes intentions, comme l’arabité, voire l’arabitude, ou l’islamité ou n’importe quelle autre forme de division de l’humanité au nom de la « juste-cause-juste » d’un peuple opprimé, spolié et victime de toutes les aberrations inhumaines et antihumaines.
En ce Jour de la Terre, il est bon de souligner, si besoin est, qu’il s’agit, à Gaza comme sur chaque brin de la terre de Palestine, de la cause du peuple et des citoyens de cette terre et que tous les autres pays et peuples, voire même certaines mouvances palestiniennes, sont à déterminer et à déclarer leurs positions et leurs engagements en fonction de cette donnée, seule véridique. Sinon la Journée de la Terre perdrait tout son sens et il ne s’agirait alors que de cette éternelle farce de l’art de « noyer le poisson ».