Chronique26/06/2017 à 15:57
Pour une culture en tant que droit partout et pour tous
Par Mansour M’henni
Nous avons souligné précédemment l’intérêt porté par le président du Gouvernement, Youssef Chahed, au secteur culturel, non plus comme un secteur complémentaire et un élément de décor, mais comme un facteur structurel du développement et de la construction sociétale.
Cela a été on ne peut plus clair dans le discours de présentation de son équipe gouvernementale devant l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), un discours dans lequel la nouvelle dénomination du secteur (Les Affaires culturelles) et la nomination de Mohamed Zinelabidine à sa tête étaient à interpréter dans le sens de ce renouveau souhaité et programmé.
Force est de constater que depuis, ce ministère a carburé au rythme fort, trop fort pour certains, pas assez pour d’autres, mais l’effort y est et c’est cela qui compte en ce moment de transition historique en Tunisie. On en donnerait une première preuve dans la liste des nouveaux textes juridiques, à différents stades de la chaîne procédurale entre le gouvernement et l’ARP, visant à moderniser les institutions culturelles et à assainir leur gestion pour plus de transparence et d’imputabilité. Sans doute convient-il de ne pas négliger la dynamique ininterrompue des « Places des Arts », des « Cités des Arts », des « Cités de Civilisation », etc. Il est vrai que ce grand projet a d’abord surpris plus d’un et a même suscité un certain scepticisme ; mais l’endurance aidant, et la persévérance, ajoutées à des effets tangibles de l’implication citoyenne généralisée dans le secteur culturel, tout cela a inversé la perspective d’évaluation et a gagné une assez large adhésion.
D’aucuns inscrivent leurs critiques, de façon quelque peu paradoxale d’ailleurs, du côté de la démocratisation de la culture par une large répartition régionale qui devrait remplacer la Cité de la Culture, jugée trop coûteuse pour un intérêt centralisé. Sans doute, à ce propos, faudrait-il commencer par se libérer du complexe de ces gens qui prennent toute réalisation prestigieuse pour un goulag stalinien et se rappeler qu’à chaque moment important de leur histoire, les pays immortalisent ces temps fondateurs par des édifices de marques et les rattachent à des projets de créativité et de rayonnement nationaux. Par ailleurs, essayons d’imaginer l’interaction heureuse qui pourrait s’enclencher entre la Cité de la Culture et son rôle de grande vitrine et les différents d’actions culturelles partout dans le pays comme des matrices appelées à alimenter ce « grand espace du commerce culturel » !
En tout cas, l’intérêt essentiel et civilisationnel porté à la culture par l’actuel gouvernement nous paraît digne d’être salué et soutenu, d’autant plus qu’il ne semble pas relever d’un quelconque calcul démagogique comme cela a été souvent le cas. A ce titre, le dernier conseil des ministres ayant porté une attention active sur le secteur, ce conseil du 23 juin 2017, est à lire comme une autre consécration et une consolidation renforcée de la vision civilisationnelle conduisant la politique culturelle du gouvernement d’Union nationale.
Dans l’enthousiasme qu’on lui connaît et dans son inlassable désir de communiquer, le ministre des Affaires Culturelles Mohamed Zinelabidine a résumé, le jour-même sur sa page facebook, le point de l’ordre du jour concernant son secteur dans le conseil en question, un paragraphe à méditer à la lumière des interrogations légitimes que chacun est en droit de poser :
«Youssef Chahed, chef du gouvernement d'Union nationale, a décidé aujourd'hui en Conseil des ministres, de propulser davantage l'action des artistes et de la culture en accordant un budget supplémentaire pour l'aide à la création, aux espaces de médiation et aux festivals régionaux. Le ministère des Finances, attentif aux requêtes du ministère des Affaires culturelles, y a répondu favorablement. Lors de ce Conseil des ministres, le gouvernement d'Union nationale a aussi validé l'engagement de la Tunisie dans le programme de coopération et d'échange " Europe créative". Une première où la Tunisie est le seul pays maghrébin et arabe à bénéficier d'un tel programme européen à très grand budget pour la culture. Un bureau permanent sera installé à Tunis pour répondre à tous les projets tunisiens, au titre de 2017-2020. Grâce à cet engagement, la Tunisie bénéficiera des mêmes droits et avantages que les pays européens pour l'entreprenariat culturel, projets de création, mobilité artistique, création d'espaces indépendants.... Une grande chance pour les acteurs, opérateurs et artistes tunisiens qui devraient présenter leurs dossiers à partir de septembre 2017. Le slogan gouvernemental pour "Une culture, un droit partout et pour tous" déjà en place depuis dix mois commence à prendre forme, en même temps que l'arsenal juridique (une quinzaine de textes juridiques fin prêts), entre autres en faveur du statut des artistes et des métiers artistiques que la société civile artistique et culturelle à conçu et proposé en partenariat avec le ministère des affaires culturelles et l'entremise de nombreuses bonnes volontés nationales. Que le meilleur soit engagé, au travail! »